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Travail et Handicap

La vie d'un handicapé, survivant d'un cancer, 10 ans d'un parcours médical....

33- Le jour d'après

Publié le 9 Décembre 2016 par Christophe Planeze in Histoire

Le lendemain, j'avais déjà presque tout compris sur ce que serait mon passage à la pinadas. J'allais réapprendre à respirer et à jauger mes capacités respiratoires. J'allais aussi remuscler mon corps grâce aux exercices proposés. C'est ainsi que je découvrais en discutant avec mes corééducs le fameux circuit de marche qui entoure le complexe. Il est complètement intégré à la pinède, le sol est sableux et nécessite plus d'efforts que se traîner jusqu'au parking sur le goudron bien dur et propose 3 tracés distincts, le tout jonché de bancs placés à des distances stratégiques. le premier fait le tour avec passage sur le dur, le deuxième est plus long et uniquement sur le sol sableux, le troisième ajoute une extension qui comporte une montée infernale avec, heureusement, un banc en haut. J'allais donc faire mes marches l'après midi, les matins étant dédiés aux tests, vélo et exercices divers. Le temps passait à une vitesse affolante car il était encore en avance sur mes temps de récupération. Il était donc compliqué la première semaine d'envisager la marche à l'extérieur. Les premiers jours sont donc épuisants. Il fallait que je m'accroche. Une petite voix me disait que finalement et malgré mon état il se pourrait bien que je m'en sorte. Après des jours d'exercices, je marchais à l'extérieur, je marchais avec bonheur sur ce sol accueillant bien que difficile mais tellement doux au pied, même si je soufflais comme une locomotive sur le petit circuit. Je passais vite sur le deuxième qui est en fait le circuit principal. L'équipe surveillait la marche et l'accompagnait au début, ce qui était sympa et rassurant. Elles encourageait sans cesse, et, même quand la marche se faisait seul, elle était à l’accueil pour me dire: "Vous êtes allé marcher? C'est bien!". Je n'ai jamais vu de caméra mais elle savait tout! Cet endroit était incroyable. Un jour de marche, sur le deuxième parcours, une magnifique mamy qui traînait derrière elle sa bouteille d'oxygène sur roulette ralentie à mes coté: "Bonjour Christophe, vous faites la montée?", "Non, je vais essayer de boucler par le bas, ce sera déjà bien", "D'accord, on se retrouve en bas alors!" me dit-elle juste avant de disparaître comme une voiture de sport! Décidément, les pamys ici étaient tous des bolides! Moi, je me traînais comme un semi-remorque dans une cote de folie. C'est très bizarre de prendre des vents tout les jours par des gens qui ont au moins le double de votre age! Je me demande si il ne prenaient pas de la potion magique, ils se dopaient, c'est obligé! Bientôt, je ferais le grand tour, c'est sûr me disais-je et ce jour arriva. Je me souviens du temps qu'il faisait quand je suis arrivé en haut pour la première fois. Il y avait quelques gros nuages dans le ciel mais un soleil resplendissant, bas sur l'horizon, qui découpait les couleurs avec un sens artistique que bien des peintres auraient voulu saisir. Le vent marin se mariait au odeurs des pins et je prenais de grosses inspirations, assis sur le banc du haut, pour reprendre mon souffle. J'avais les jambes en coton mais je savourais l'instant. C'était un moment de plénitude. Un moment du vital. Respiration après respiration, mon cœur se calmait lentement et je profitais de l'instant, un instant figé dans ma mémoire pour toujours. Je n'avais pas parié comme un battant que je monterais cette cote, c'était juste dans l'ordre des choses, cela faisait partie de mon passage ici, ce n'étais pas une victoire, c'était plus que ça, une victoire dans mon état ne veut rien dire, on savoure par petits bouts, on déguste à la suite tant que suite il y a. Je regrettais qu'il faille redescendre, si j'avais pu arrêter le temps, je l'aurais fait ce jour là, pour longtemps. Au repas du soir, je fut félicité pour mon ascension du "mont pinadas", pourtant j'étais seul lors de la marche! Il y avait un Big Brother sur le site, c'étais sûr! C'est seulement plusieurs jours après mon arrivée que j'entendis parler du circuit ultime, le circuit qui décidait du départ. C'était une petite randonnée de quelques kilomètres, 3 ou 4 je crois, avec passage sur la plage, escaliers..... Je voyais ça de très loin, je redoutais même un peu de la tenter car cela signait la fin de mon séjour. Je suis resté quelque temps sur le troisième circuit car je récupérais trop souvent sur le chemin. Il y eu un jour ou je réussi à le boucler sans me poser sur un banc. Il me fallait maintenant renouveler la chose plusieurs fois pour valider le truc mais déjà, on me proposait de tenter le grand tour.....

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