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Travail et Handicap

La vie d'un handicapé, survivant d'un cancer, 10 ans d'un parcours médical....

36- DE MAL EN PIS

Publié le 31 Janvier 2017 par Christophe Planeze in Histoire

A la fin de cette première chimio et alors que j'attendais Stéphie pour regagner mes pénates, je réfléchissais à la suite. Je n'étais pas encore débranché et j'avais encore des nausées. Avenir devenait un mot composé, "à venir", différence bien plus importante que l'on croit quand la vue saute uniquement sur la semaine suivante sans projection sur "l'avenir" en un mot. Je ne sais plus qui m'avait dit que je perdrais mes cheveux, ma moustache. Je m'en foutais royalement de mes cheveux et j'avais pris le pari d'écrire au marqueur sur ma tête; "Cheveux", sous mon nez; "moustache", au dessus des yeux; "sourcils" etc.... Je trouvais ça marrant ! La première semaine, je n'ai pas pu continuer la musique, j'étais trop mal, dans un état très particulier et suivi de près par un seau h24. Tout a changé subitement, apprentissage inattendue de ce que je pouvait manger ou pas, les odeurs que je pouvais supporter ou pas, les gestes que je pouvais faire ou pas, les réflexions que je pouvais explorer ou pas, mon monde devenait on/off, réduit au noir et blanc, au choix unique. J'ai perdu des amis, ils se sont évaporés dans la nature, comme la fumée des cigarettes qui ont certainement participé à la révolte de mes cellules. Heureusement, quelques uns sont restés, les musicos particulièrement et un ancien collègue.... J'avais quand même ma sorcière bien aimée qui faisait tout et encore plus, j'avais beau surveiller, je ne l'ai jamais surprise en train de bouger le bout du nez. Enfin, c'est vers 10h00 que Stéphie, la "sorcière" en question, arriva dans ma chambre et mis fin à mes pensées. Elle avait l'air tellement fatigué! Elle ne dormais pas bien, je faisais tout pour tout minimiser et la faire rire mais ça prenait pas, de moins en moins souvent, je trouverais bien un truc, elle va s'habituer! J'ai salué mes adorables soignantes puis nous sommes partis, main dans la main, dans ce couloir super long, super trop long, pour rejoindre le parking. Le retour fut rock&roll, Les petites accélérations, les moindres freinages, les petites courbes qui deviennent des virages, tout me donnait la nausée, je lui disais en déconnant et elle était morte de rire parce que je me marrais en dégueulant, ça résonnait dans le seau, ça me faisait rire jusqu'à ce que j'ai vraiment mal alors je riais moins mais j'étais heureux d'entendre Stéphie rire de bon cœur suivi d'une moue gênée! Elle conduisait comme si il y avait un œuf en équilibre sur le tableau de bord et les cons doublaient en klaxonnant, un retour épique digne de la retraite de Napoléon dans les Alpes! Si chaque retour se passaient comme ça, ça allait être sport! Heureusement que mon pote le seau était coopératif et le rouleau de sopalin bien garni! Après quelques vomissements et des arrêts sur les 25km qui sépare le poison de notre domicile, nous étions à la maison. Ahhhhhhhhhh, la maison, un truc à nous, protecteur, solide, rempli de Boudous affectueux qui m'ont fait une fête de fou, tellement content que j'ai encore vomi! Les pauvres, ils n'ont pas compris tout de suite, comme moi, je n'ai pas compris tout de suite tous les aboutissants. Normal, personne ne prévient. Quand on parle du cancer on nous dit qu'on en meurt, qu'on survie, on dit même qu'on s'en remet très bien, on oublie de dire qu'on s'en remet très bien "parfois", et qu'on survie "parfois" "sans s'en remettre vraiment", et on oublie "l'entre deux"; les soins.... Pourtant, "l'entre deux" est le plus important puisqu'il conditionne le confort ou pas du "pendant" et du "après" si "après" il y a. Tout ceci à une importance fondamentale et sans vouloir donner de leçon à personne, tous les cancers et les malades étant différents, j'ai fais tout de suite le choix de la vision à très court terme et j'ai eu raison, je m'en suis rendu compte une fois de plus après cette première chimio. Pourquoi tenter de prévoir l'imprévisible? Nous avons donc débuté notre apprentissage des effets indésirables et des implications diverses et variées qu'amène un empoisonnement programmé. Chaque cuissons, chaque repas étaient une source d'enseignement. Une première semaine de découvertes, pas facile facile à vivre mais incontournable. Prochaine chimio dans 8 jours avec la prise de sang au labo pour surveiller si ça résiste (le corps). Donc, 2 mois avec, au minimum, une prise de sang et une chimio par semaine si tout se passe comme prévu. Certitude: Prise de sang dans 4 jours..... Ça fait court comme "à venir", mais ça suffisait pour l'instant.

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